Adèle K auteure

Une saint Valentin comme chien et chat chap 1 et 2

Chapitre 1

Dwaine rangea sa caisse à outils dans son fourgon avant d’y grimper. À l’intérieur, à l’abri du froid et de cette neige qui n’en finissait plus de tomber depuis des mois, il tapa un message à l’intention de son amie. Marie qu’il avait retrouvée par hasard l’an dernier à la patinoire Wollman située à Central Park. Depuis, malgré la jalousie du compagnon de Marie, ils tentaient de se voir au moins deux fois par mois. Leur lieu de rendez-vous du soir, le Sunlight où ils avaient prévu d’y boire un verre, mais comme souvent, la ponctualité de Dwaine laissait à désirer. Le fautif ? Pas lui, mais monsieur Hoodgram chez qui il venait de refaire toute la plomberie et qui lui avait tenu la grappe un long moment. Dwaine rangea son téléphone, démarra le moteur et engagea avec prudence la voiture sur la chaussée.

Depuis son retour d’Afrique, il avait monté son entreprise de rénovation et même s’il aimait son travail, sa vie lui semblait bien terne et ne semblait plus avoir de sens depuis qu'il était rentré. Il devait trouver une solution et rapidement. Sa carrière en tant que militaire lui manquait ! Dwaine l’avait interrompue au bout de huit ans de bons et loyaux services, ne supportant plus l’horreur des guerres et pire que tout, les magouilles de ses supérieurs. Il n’avait pas signé pour tout ça. Écœuré, voilà comment il était revenu d’Afrique l’an dernier !

Seulement, là-bas, il venait souvent en aide aux civils et en les épaulant, il s’estimait complet, à sa place. À New York, Dwaine se sentait inutile ! Il avait besoin de renouer avec son lui d’antan et surtout, de moins bosser pour y arriver. Financièrement, il s’en sortirait.

Depuis son retour, il avait travaillé d’arrache-pied pour faire décoller sa société et détenait dorénavant un sacré portefeuille clients et deux employés. Il pouvait se permettre d’en embaucher un troisième afin d’alléger son temps de travail personnel. La veille, il avait tout calculé et son projet était viable sur le long terme. Il allait enfin pouvoir revenir aux bases.

Perdu dans ses pensées, Dwaine ne vit pas que la voiture devant lui avait ralenti. Il freina brutalement et à cause de la neige, ses roues glissèrent et l’envoyèrent dans l’auto rouge dans un bruit assourdissant.

— Et merde, tiens ! claqua-t-il en descendant du fourgon. Putain ! Mais ça ne va pas de stopper de cette façon ? Et pour rien en plus, houspilla-t-il la jeune femme qui jaillit de sa voiture, les mains tremblotantes.

Elle était engoncée dans un horrible manteau de laine couleur moutarde tout droit sorti des années cinquante, des collants noirs et une robe dont il entraperçut le bas qui dépassait de son caban toute aussi particulière que le reste. Noire avec un morceau de tissu moutarde à pois. Cette fille aimait les pois ! Il se concentra sur son visage dont le maquillage lui rappela celui d’une pin-up, sans compter ce bandana jaune qui retenait ses cheveux bruns. Drôle de look à notre époque ! Elle allait sûrement à une fête accoutrée de la sorte. Impossible qu’elle porte ça au quotidien !

— Comment ça pour rien ? cria-t-elle en retour le ramenant sur terre, ses yeux bleu nuit le fusillant.

— Oui, pour rien ! répéta-t-il, vous êtes seule sur la chaussée alors pourquoi avez-vous freiné ici ? continua-t-il sur le même ton.

— Y’avait un oiseau ! Je n’allais quand même pas l’écraser ! s’offusqua-t-elle en avançant sur lui.

— Un… un oiseau ? l’interrogea-t-il moqueur. Vous avez ralenti comme une cinglée pour une putain de volatile qui se serait envolée à l’approche de votre… votre coccinelle ! balança-t-il avec hargne en regardant sa voiture qui ne portait pas que le nom de coccinelle, elle y ressemblait avec ses gros pois noirs !

Une fanatique des pois ! Incroyable. Il lorgna par-dessus l’épaule de cette femme de mauvaise foi et écarquilla les yeux en découvrant qu’elle avait littéralement customisé le devant de sa caisse. Des cils ! Une bouche pulpeuse ! Sérieusement ? Qui faisait ça de nos jours ? C’était une voiture, nom de Dieu ! Une tôle sur quatre roues qui l’emmenait d'un point A à un point B ! Pas une personne ! Dwaine était sûr qu’elle lui avait filé un prénom ! Cette bonne femme était complétement bargeot ! Remarque, cette cocci collait bien avec son style vestimentaire, extravagant, tout comme elle !

— Mais je n’allais pas l’écraser pour vos beaux yeux, monsieur le grincheux. D’ailleurs, si vous aviez ouvert vos mirettes, vous n’auriez pas défoncé ma jolie Chanelle, le flagella-t-elle.

Et voilà ! Il avait raison, sa voiture avait été baptisée ! Une vraie illuminée cette fille et il ne se laisserait pas démonter par cette demeurée.

— Ce n’est pas moi le responsable, mais vous ! dit-il avec aplomb, la contredisant. Si vous n’aviez pas freiné pour rien, nous n’en serions pas là !

— Non mais je rêve ! Vous plaisantez monsieur muscle ? C’est vous l’unique responsable ici ! Vous me foncez dedans et m’accusez de ne pas savoir conduire ! C’est un comble. Pour votre gouverne, la pédale de frein, c’est celle du milieu, pas celle de droite ! claqua-t-elle avec colère. Vous devriez retourner à l’école de conduite, crétin !

Elle sortit son téléphone dont la coque était illustrée d’une pin-up. Clairement, elle adorait ce style ! Elle porta l’objet à son oreille et parla si vite qu’il n’en comprit pas un mot.

— Mon frère dit que vous êtes en tort à cent pour cent, alors on va remplir les papiers et vous allez cesser de jouer au plus malin Musclor !

— Et votre frère, il est de la police ? répliqua-t-il aussitôt en croisant les bras sur son torse, arborant un air mutin.

— Euh non ! avoua-t-elle sa bouche couleur rouge cerise formant un O parfait. Il est… bon qu’importe ce qu’il est, vous avez défoncé ma voiture, on passe à l’administratif maintenant avant que je n’attrape une crève monumentale. En plus, je suis attendue !

— Moi aussi, madame la pin-up !

— Pin-up ! s’exclame-t-elle, fixant son regard à celui noisette de Dwaine.

Elle se marra avant d’avancer sur lui, pointa son index sur sa poitrine qu’elle tapa de celui-ci à chacun de ses mots. Elle lui apprit :

— Ceci n’est pas un style pin-up Musclor mais rockabilly, retenez-le, ainsi vous aurez l’air moins stupide quand vous rencontrerez une femme arborant une tenue similaire ! s’offusqua-t-elle.

Avec précaution, elle se pencha dans l’habitacle et dénicha au fond de sa boîte à gant le document dont elle avait besoin pour la déclaration d’accident. Elle renseigna son côté, puis sortit la tête et tendit la feuille à ce type qui l’agaçait fortement.

— C’est votre tour maintenant ! Et pas d’entourloupes ! le prévint-elle. De toute manière, par sécurité, je prends des photos ! l’informa-t-elle en dégainant son smartphone.

Dwaine haussa les sourcils et remplit le formulaire, bon gré, mal gré. Il l’admettait, sa responsabilité était engagée, mais tout de même, qui freinait de cette façon pour éviter un piou-piou ?

Son téléphone sonna au moment où il rendit le papier à miss pin-up qui le lui arracha presque des mains. Sans aucune formule de politesse, elle monta dans sa coccinelle, claqua la porte et circula dans un bruit de tôle froissée qui ne l’effraya pas outre mesure. Il esquissa un sourire et prit l'appel avant que Marie ne tombe sur sa messagerie. Maintenant, son retard s'étendait à une heure ! Son amie lui pardonnerait, mais tout de même, si miss pin-up avait conduit correctement, il serait déjà avec Marie.

— Désolée ma belle… j’ai eu un accident, enfin un accrochage, rectifia-t-il sur le champ, ne souhaitant pas l’inquiéter.

— Tu n’as rien ? Tu n’es pas blessé ? On peut reporter, tu sais, lui proposa-t-elle d’emblée.

— Je vais bien et non, je ne veux pas remettre ça. J’ai besoin de te voir, enfin, si tu peux encore patienter un peu sans que Max ne vienne te chercher avec ses gros sabots, rigola Dwaine.

— Il a emmené Alice au cinéma. Une petite soirée père-fille. J’ai encore du temps, je t’attends.

Il raccrocha et cette fois il riva son attention sur la route afin d’arriver au Sunlight en un seul morceau. Par chance, il dénicha rapidement une place de parking. Il traversa la soixantième avenue pour regagner la cinquième dans laquelle se trouvait son lieu de rendez-vous. Il pénétra dans le bar, claqua ses boots sur le tapis déjà détrempé par les nombreux passages des clients et retrouva Marie à leur box habituel.

Son amie se leva aussitôt qu’elle le repéra et l’enlaça en guise de salut, puis ils s’assirent l’un en face de l’autre. La soirée pouvait enfin commencer et surtout, Dwaine pourrait se détendre.

 

Chapitre 2

Cheyenne n’en revenait pas ! Ce type était vraiment sans gêne, non seulement il avait englouti l’arrière de sa précieuse Chanelle dont elle caressa le volant et en plus, il lui mettait les torts sur le dos ! Quel connard ! S’il avait regardé la route au lieu de rêvasser, il aurait vu qu’elle freinait. Et pas pour rien comme il le supposait, zut à la fin ! Elle n’allait tout de même pas écraser un oiseau pour ces beaux yeux. Elle devait bien avouer avoir remarqué son beau regard noisette et son joli minois. Dommage qu’il ait été aussi arrogant !

Elle traversa Manhattan avec sa jolie coccinelle qu’elle adorait conduire et admirer. Oui, elle aimait sa Volkswagen qu’elle avait baptisée Chanelle. Pourquoi ce nom ? Eh bien, parce que Cheyenne aimait les chats, d’ailleurs elle en possédait deux. Un Ragdoll aux splendides yeux bleus et à la fourrure blanche laiteuse avec des touches de marron très clair sur la tête et la queue. Un amour de chat de près de neuf kilos. De nature très calme et docile, il comblait Cheyenne de câlins et de tendresse depuis trois ans. Elle l’avait baptisé Wool, car lorsqu’elle avait passé pour la première fois ses mains dans son pelage c’était l’impression qu’elle avait eue, de toucher de la laine délicate, douce et molletonneuse. Le second avait un an, une petite femelle, de la race Américain Shortair, tigrée blanc et roux qu’elle avait adoptée au refuge où elle travaillait en tant que bénévole tous les week-ends. Elle l’avait appelée Ginger à cause de ses poils roux.

Cheyenne adorait les bêtes et surtout les chats. Assistante-vétérinaire, elle leur vouait sa vie. Sans enfant ni compagnon et disposant d’amour à revendre, elle avait choisi de prendre soin des animaux lâchement abandonnés et qui ne demandaient qu’à être aimés. À chaque nouvel arrivant, son cœur se serrait, car elle savait la vie qui l'attendait. Son rêve, pouvoir tous les adopter ! Seulement, en vivant dans un petit quarante mètres carrés au cœur de Brooklyn c’était impossible. Son salaire d’assistante vétérinaire, bien qu’elle ne s’en plaignît pas, ne lui permettait tout de même pas d’acheter une immense propriété pour les accueillir. Les gens qui abandonnaient leur animal de compagnie, ne prenaient pas la mesure de la souffrance de celui-ci. Oh, ils avaient parfois de bonnes excuses, mais franchement, le plus souvent c’était pathétique.

Quand elle entendait : « J’en ai assez de le sortir tous les jours, je n’ai pas le temps, cette saleté a fait pipi partout, ce chat a griffé mon canapé ou encore il coûte une fortune à nourrir et à soigner ». J’ai voulu faire plaisir à mes enfants, mais ils ne s'en occupent pas. La liste des excuses bidon était interminable. Alors, elle bondissait à chaque fois, pourquoi choisir un animal alors ? Ce n’était pas une peluche, il avait des besoins essentiels certes, mais requérait aussi de l’attention et de l’amour. Elle préférait partir que de leur dire qu’ils étaient irresponsables et que ces animaux n’étaient pas des jouets que l’on jetait selon son humeur du jour.

Sa voiture s’appelait donc Chanelle à cause de sa passion pour les chats et le « nelle » pour la fin de coccinelle. Cheyenne était une jeune femme de vingt-sept ans, pulpeuse, qui adorait la vie, les félins, la nourriture et le style rockabilly, n’en déplaise aux autres. Elle était heureuse et avait de l’amour à revendre.

D’ailleurs, en ce moment même, elle roulait vers Time Square pour retrouver en personne Diego. Un homme d’une trentaine d’années avec qui elle discutait depuis un mois sur un site de rencontres. Entre eux, ça avait matché direct et elle misait beaucoup sur ce premier rendez-vous physique. Ils se voyaient enfin et à cause de « monsieur je-ne-regardais-pas-la-route », elle se trouvait en retard. Elle avait prévenu son rencard de ce léger contretemps et elle espérait donc qu’il ne lui tiendrait pas rigueur de cet imprévu.

Après s’être garée sur le parking entre la septième et la quarantième avenue, chaussée de ses boots qui se mariaient avec son style, elle traversa d'un pas prudent Time Square et ses nombreux écrans publicitaires qui illuminaient la ville en ce début janvier. Il ne manquerait plus qu’elle se vautre dans la poudreuse qui couvrait les trottoirs et ce serait le tiercé gagnant, accident, chute, blessures. Il neigeait tellement que les agents municipaux n’arrivaient plus à sécuriser les accotements. Quelle plaie ! Les New-Yorkais étaient une fois de plus vernis avec la météo hivernale.

Cheyenne se stoppa devant l’immense boutique M & M’s qui attira son regard. Difficile de ne pas marquer une pause tant la vitrine l'attirait. Elle repartit en se promettant de s’y arrêter au retour. Quelques douceurs ne lui feraient aucun mal. En plus, ils avaient déjà sorti la collection spéciale Saint-Valentin, des M & M’s personnalisés. Elle espérait célébrer l’amour avec Diego cette année et non seule, avachie dans son sofa, entourée de Wool et Ginger. Elle les aimait, seulement, elle rêvait aussi du grand amour. Celui qui dure toujours.

Elle parvint sans incident au restaurant et trouva rapidement Diego qui était déjà attablé. Dès qu’il l’aperçut, il se leva comme un gentleman et l’accueillit d’une brève accolade.

— Je suis heureux de te rencontrer Cheyenne, lui dit-il en esquissant un sourire charmeur.

— Moi aussi, lui répondit-elle, quelque peu intimidée.

Le voir en personne était autre chose que de parler par écrans interposés, elle l’avouait. Elle retira son manteau couleur moutarde qu’elle posa sur le dossier de sa chaise et s’y installa. Elle le détailla avec discrétion. Diego était tel que sur sa photo de profil, cheveux châtain foncé aux tempes grisonnantes, un visage ovale chaussé de lunettes de formes rondes à fines montures, derrière lesquelles se trouvait des yeux bleus pétillants. Une barbe assez épaisse lui mangeait les joues, lui donnant un air de bûcheron alors qu’il n’en avait pas la carrure. Il était plus frêle que musclé. Différent du type avec qui elle venait d’avoir une altercation. Et elle devait se rendre à l’évidence, Diego dégageait beaucoup moins de charisme que musclor ! Zut ! Pourquoi pensait-elle à ce type maintenant ?

— Alors, je nous ai commandé à boire. Une téquila Sunrise pour toi et une bière pour moi. J’ai pris les devants pour éviter qu’on attende trop longtemps.

— Euh… merci, parvint-elle à dire, légèrement offusquée qu’il se soit permis de choisir pour elle, et n’ayant aucune envie de boire une téquila.

Ça commençait bien tiens !

Elle, ce qu’elle aimait, c’était un Mojito framboise. Ayant envie d’y croire et pour ne pas plomber l’ambiance, elle boirait ce verre, mais vraiment, Diego perdait des points et plus encore lorsqu’il lui parla de son travail de bureaucrate au sein de la mairie. Un vrai moulin à paroles. Il ne lui laissa pas en placer une et pire, ne s’intéressait absolument pas à elle. D’ailleurs, il n’était pas revenu sur l’accrochage qu’elle avait eu plus tôt. Il aurait au moins pu lui demander si elle n’avait rien ? L’état de sa voiture, quelque chose quoi ! Bref, zéro pointé pour lui. Elle ne comprenait pas ce revirement de situation, car derrière l’écran, c’était un homme prévenant qui la laissait s’exprimer, à l’opposé du type en face d’elle. Flûte, elle qui espérait ne pas tomber pas sur un con cette fois-ci, elle était de plus en plus dépitée.

— Je pensais que tu étais du genre à manger des salades, pas un énorme burger bien gras ! déclara-t-il penaud une fois la serveuse partie.

— Comment ça ? Parce que je suis grosse, tu crois que je dois bouffer de la salade ? Eh, je ne suis pas un lapin ! dit-elle d’un ton rude en maîtrisant sa voix pour ne pas déranger les clients.

Intérieurement, elle fulminait. De quel droit ce gringalet osait-il critiquer ses choix gustatifs ? Elle aimait manger et se fichait de ses kilos en trop. D’ailleurs, ils n’étaient pas superflus, elle aimait ses rondeurs et les assumait ! Elle comprenait maintenant pourquoi Marie s’était autant dépréciée lorsque sa thyroïde lui avait joué des tours et que son époux l’avait reniée à cause de ses vingt kilos supplémentaires ! Ce Diego pouvait donner la main à l’ex-mari de sa belle-sœur. Un vrai connard sans cœur. Finalement, à côté, monsieur muscle était un ange. Non mais quel crétin fini !

— Non, je ne voulais pas dire ça Cheyenne. Je suis désolé, c’est juste que… que toutes les femmes que j’ai pu rencontrer, commandent toujours des salades alors j’ai pensé que c’était la base pour vous, les femmes.

— Non mais quel cliché ! Je ne commande jamais de salade au restaurant, jamais ! J’en mange déjà suffisamment sur mes pauses du midi entre deux clients, asséna-t-elle vexée en croisant les bras.

— Je ne voulais pas t’offusquer, annonça-t-il en esquissant un sourire contrit. Tu es très jolie Cheyenne enchaîna-t-il maladroitement. Je suis également désolé de ne pas t’avoir fait la remarque. Tu as un look bien à part, mais qui te sied à merveille, tenta-t-il pour se rattraper mais c’était raté dans les grandes longueurs.

En fait c’était pire, il continuait de s’enfoncer. Il était pathétique et, fidèle à elle-même, elle allait lui dire ce qu’elle pensait !

— Eh bien, tu m’as offensée, ne put-elle s’empêcher de répliquer. Et, je ne poursuivrai pas la soirée en ta compagnie. Désolée, mais ta remarque a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Nous sommes attablés depuis une heure et tu ne m’as parlé que de ton job, de toi, toi, et toi… crois-moi, je ne m’attendais pas à tomber sur un homme ayant ce comportement après tous nos échanges. Quelle déception et perte de temps ! Clairement, tu as deux facettes, comme les pièces de monnaie et ta personnalité ne me convient pas, lui avoua-t-elle sans prendre de gants.

Il devint livide et se pinça les lèvres. Encore une fois son naturel était revenu au galop et il avait réussi à faire fuir Cheyenne, une de plus… c’était la dixième femme qu’il décevait en un an. La serveuse arriva avec les plats. Un burger pour Cheyenne et des ribs pour Diego.

— Pouvez-vous mettre mon repas dans un sac, je ne vais pas rester, lui demanda Cheyenne qui n’avait aucune intention de poursuivre la soirée avec Diego.

— Oui, bien sûr, lui assura la fille qui repartit avec son plat.

Cheyenne attrapa son sac, sortit quelques billets qu’elle posa au centre de la table sous le regard dépité de son rencard.

— On pourrait… je ne sais pas, recommencer sur de nouvelles bases ? Tu me plais Cheyenne et je n’ai pas envie que la soirée se termine de cette façon. Reste, je te promets de mieux me comporter, la supplia-t-il.

— Non merci. J’ai pris ma décision, je pars. Entre nous, ça ne va pas fonctionner et je ne veux pas perdre mon temps. De plus, demain je me lève tôt.

La serveuse revint avec un doggy bag qu’elle donna à Cheyenne.

— Merci, lui dit Cheyenne en ébauchant un sourire.

Cheyenne abandonna le sac sur la table le temps d’enfiler son manteau qu’elle prit soin de fermer jusqu’en haut. Les températures chutaient énormément une fois le soleil couché.

— Au revoir Diego, la salua-t-elle en attrapant le sachet.

Elle sortit du restaurant et se mêla aux nombreux New-Yorkais qui arpentaient les rues de la ville. La météo ne les freinait pas. Au contraire, New York portait bien cette phrase qui la caractérisait, « la ville qui ne dort jamais ». C’était vrai. Il y avait toujours une âme dans les rues à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, les animations sur les écrans de Time Square, un métro pour rentrer chez soi, des commerces ouverts 24/24 h. Impossible de s’ennuyer dans la grande pomme.

Cheyenne traversa la septième avenue, passa devant la boutique de M & M’s dans laquelle elle s’arrêta puis récupéra sa voiture. Assise derrière le volant, elle souffla un grand coup. Quelle soirée de merde ! Entre l’accrochage et Diego, elle ne pouvait pas dire qu’elle s’était détendue. Elle démarra le moteur et roula en direction de Brooklyn sur Cleveland Street où elle louait un appartement, non loin du refuge pour animaux où elle travaillait bénévolement.

Elle trouva une place pour stationner sa voiture pile devant son immeuble. Une chance, tout n’était pas si noir en fin de compte. Elle s’empara de ses affaires et s’engouffra rapidement dans le vestibule. Elle monta au second étage en prenant les escaliers et poussa la porte de chez elle.

Enfin à la maison, pensa-t-elle.

Après s’être déshabillée, elle embrassa le nez de ses chats, leur offrit quelques papouilles puis déballa son repas qu’elle mangea avec appétit avant de terminer la soirée au fond de son lit avec pour compagnie Wool et Ginger qui ronronnaient à ses côtés.

 

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